Cimino : écho et prémonition

This is Vietnam all over again!

L'année du dragon, Michael Cimino, 1985.

La phrase que je cite ici n'est pas prononcée à ce moment-là du film, mais bien plus tôt. Pourtant, lorsqu'on voit ce plan, dans lequel le personnage joué par Mickey Rourke, portant sa veste de vétéran fumante, vient de sortir un cadavre calciné d'une voiture incendiée, le visage noirci, on est immédiatement projeté en arrière, et la phrase prononcée plus tôt revient. A ce moment Mickey Rourke et le spectateur sont au Vietnam.
Cimino n'a pas besoin de faire un vulgaire flashback pour nous faire partager ce retour d'un traumatisme.
C'est une des nombreuses forces de ce cinéaste : cette capacité à créer des plans ambigus, y compris temporellement. Un plan peut porter à la fois un sens présent, et une prémonition (comme dans toute la première partie du sublime Voyage au bout de l'enfer), ou un écho, une trace d'un passé révolu ( comme ici)

Prémonition



Sur ce plan de la première partie de Voyage au bout de l'enfer, on fête le départ de trois jeunes américains partis se battre pour la patrie. Mais ces trois portraits au mur évoquent aussi une cérémonie mortuaire en l'honneur de soldats morts au combat. Toute cette fête est traversée par ce pressentiment, cette tragédie future.

Echo



Dans le dernier acte de Voyage au bout de l'enfer, nous assistons à une scène conviviale autour de chopes de bières qui rappelle une scène de bar du premier acte (la dernière soirée des 3 soldats avant de partir). 
Il y a un effet d'écho avec la première scène, qui fait mesurer l'ampleur de la tragédie qui a eu lieu entre ces deux moments.
Il y a de nombreux exemples dans ce film, dont le dernier acte est une sorte de "miroir" du premier, c'est une manière magnifique de montrer que les mêmes moments n'auront jamais la même saveur, que rien ne sera jamais comme avant.

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