Comme des trains dans la nuit



Les films sont plus harmonieux que la vie, Alphonse. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, il n'y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit.

La Nuit Américaine, François Truffaut,  1972

J'ai choisi cet extrait parce qu'il pourrait (presque) résumer le film. Dans cette séquence galvanisante (portée par la musique de Delerue), on nous montre les coulisses de la fabrication d'un film. Pourtant il ne s'agit pas de démythifier le cinéma, mais au contraire de nous en montrer toute la beauté.
La capacité qu'a Truffaut à nous transmettre sa passion est telle qu'on a envie de tout foutre en l'air et se barrer sur un tournage là, tout de suite.
Le film est ponctué de ces envolées lyriques, scènes qui s'élèvent haut sans jamais être pompières.
Car jamais Truffaut ne laisse en route la légèreté, l'humour, même ici où la scène se conclut par la voix de Bernard Ménez qui gratte l'apéro. Le film est ponctué de répliques géniales, drôles poétiques, passionnées ou les trois à la fois.
Et la plupart des scènes jouent sur ce double ton, amusé et sérieux (ce qui, au passage, retranscrit assez bien un tournage : "c'est sérieux, on joue"), comme la superbe scène où un petit chat doit aller lécher une assiette de lait. On refait, on rit, on râle, et puis finalement, le chat finit par donner quelque chose de plus beau que ce qui était prévu.

Quel film génial, quand même. 

3 commentaires :

  1. Bien vu, puisque je suis d'accord :D
    Effectivement cette approche légère (mais pas superficielle) du cinéma permet de montrer à la fois comment c'est pro, et comment c'est futile (et donc nécessaire).
    Le genre de film qui te fout la banane jusqu'à la fin.
    Pourtant le ton un peu agaçant de la voix-off aurait pu tout gâcher, mais non. Il faut dire que je suis un ayatollah anti-voix-off.
    Cette scène est très bien montée je trouve, et elle a le mérite de montrer tous les petits bricolages triviaux ou non, qui fabriquent mis bout à bout la magie du cinéma. En plus effectivement l'irruption du grand Bernard Menez vient désamorcer l'impression de grandiloquence que pourrait laisser la séquence (à cause de la musique surtout).
    Il faut que je me fasse la filmo de la Truffe, j'en ai vu assez peu finalement et certains m'ont vraiment impressionné (les 400 coups!).

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  2. Dans les 400 coups, c'est pareil, il parle de quelque chose d'assez grave, du moins qui le touche très personnellement je crois, mais ça reste super drôle, vivant.
    Ca s'adresse à tout le monde ces films, c'est ça qui est beau aussi.
    Ca devrait passer à 20h45 tous les soirs à la télé, dedieu.

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  3. Et au sujet de Menez : cette année il était excellent dans le très sympathique Tonnerre, de Guillaume Brac. Très joli film!

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