Panic sur Florida Beach, Joe Dante, 1993


Le film, sorti en 1993 dans l’indifférence générale, se situe en 1962 en Floride. En pleine crise des missiles de Cuba. Alors que l’Amérique plonge dans la psychose de la double terreur communiste/nucléaire, le réalisateur Lawrence Woolsey (John Goodman), inspiré par les réalisateurs de films de série B des années 50, présente son nouveau film : Mant, dans lequel une mutation radioactive transforme un homme en fourmi géante…

Joe Dante rassemble ses souvenirs et nous raconte son adolescence, les programmes de série B de l’après-midi, les revues de monstres qui ont égayé sa vie dans une Amérique obnubilée par la guerre froide.

C’est là que Joe Dante montre son talent : le film oscille sans arrêt entre une sincérité touchante dans sa manière affectueuse de nous transmettre son amour du cinéma de genre (auquel il parvient à rendre hommage tout en s’en amusant) et une ironie mordante, une certaine gravité aussi en ce qui concerne l’amérique de l’époque, à l'image de ce jeune héros privé de son père parti combattre.


Le film est avant tout très drôle. John Goodman est comme d’habitude génial, et la mise en scène fourmille de petits détails amusants en plus des dialogues très réussis. On s'amuse à la fois de l'aspect délirant qu'a pu prendre la psychose (les scènes de supermarché, ou les exercices de simulation à l'école!), et du côté timbré mais passionné du personnage du cinéaste.


Mais au-delà de ça, il y a une certaine mélancolie qui se dégage du film, une nostalgie de ce cinéma fait de trucages mécaniques et porté par des savants fous passionnés. La même année sort Jurassic Park, qui annonce l’entrée dans l’ère numérique, et condamne ce cinéma-là. Si on est attentif on percevra la profonde tristesse de ces quelques plans où le personnage de Goodman arrête la projection, l’écran semblant tout à coup bien vide.

Le film brûle de cet amour du cinéma de forain, son climax pendant la projection du “film dans le film” (le génial Mant) est très réussi malgré une ou deux péripéties un peu forcées. On a tout simplement envie d’être dans cette salle!


Tout le long du film Joe Dante montre sa capacité à créer des plans ambigus, entre joyeuse naïveté et critique violente (qu’on y soit attentif ou non, le film fonctionne). A ce titre le plan final sur un hélicoptère ramenant les “boys” à la maison sur une musique joyeuse prend tout à coup une tonalité inquiétante : un plan plus serré sur l’hélicoptère et l’arrêt de la musique annonce l'imminence d'une autre guerre. Quelques années plus tard, la génération du héros (et de Joe Dante), partira au Vietnam.

Ce film est un petit bijou, drôle, sincère, touchant, profond, avec plein de niveaux de lecture différents qui fonctionnent. A découvrir! 

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