J'avais vu French Connection gamin, j'en gardais un très bon souvenir un peu vague. A la revoyure, j'ai pris une bonne patate dans la tête, nom d'un petit bonhomme. Miladiou. Et même: fichtre, tiens.
Le film met en scène deux flics new-yorkais aux prises avec un réseau de trafic de drogue venant de Marseille.
Le personnage principal, interprété par Gene Hackman, est un personnage très seventies : c'est un flic borderline, raciste et violent. Ce personnage, comme ceux du Convoi de la Peur (le remake du Salaire de la Peur réalisé par Friedkin, les deux films sont géniaux), traîne derrière lui une erreur qui a coûté cher (un péché), et s'accroche à cette affaire en espérant y trouver une rédemption.
Difficile de parler du film sans parler de sa partie centrale, une immense séquence de filature qui accélère constamment pour déboucher sur une poursuite à pleine vitesse, un morceau de mise en scène vraiment impressionnant, pendant lequel "Popeye" devient peu à peu fou. Dans ce passage on le suit, seul, dans un véritable purgatoire. Comme dans le Convoi de la Peur on sent parfois une présence maléfique, ricanant de ses échecs, comme lorsqu'il rate de peu la rame de métro dans laquelle s'est enfui un des "froggies", un plan superbe depuis la rame s'enfonçant dans un tunnel, avec une montée de violons semblable à un rire sinistre.
Marcel Bozzuffi, le Michael Ironside français
On a souvent parlé du style "documentaire" de Friedkin pour ce film (lui le premier, il dit s'être inspiré du Z de Costa-Gavras, auquel il pique Marcel Bozzuffi). En effet, il utilise une mise en scène assez moderne : caméra portée, des zooms pris de très loin, panoramiques d'un personnage à l'autre pendant les scènes de poursuite, et une photographie granuleuse qui font paraître ces images prises sur le vif, dans la rue. Le montage est aussi très sec, coupant même parfois les scènes au milieu d'une phrase. Des choix assez radicaux mais dans lesquels Friedkin ne s'enferme pas : comme dit plus haut, il arrive aussi à créer une ambiance presque fantastique, notamment par son utilisation de l'excellente BO, et soigne ses scènes de poursuite avec style.
Cette manière de filmer l'action, à la fois stylée et réaliste, et cette manière de définir ses personnages par l'action, fait du film un exemple dans ce domaine, sûrement une inspiration pour la mise en scène "à la Paul Greengrass" qu'on voit partout aujourd'hui (pour le meilleur et pour le pire). Mais le film est surtout encore une fois l'écrin de la vision ultra pessimiste de Friedkin, refusant toute idée de rédemption, de changement de ses personnages, à contre-courant de l'histoire du cinéma américain classique.
Michael Ironside, le Marcel Bozzuffi américain
Quelques extraits de l'excellente BO du film :