Black Book, Paul Verhoeven, 2006


Au sein de son magnifique Black Book, Paul Verhoeven se permet un clin d'œil malicieux à sa propre carrière de contrebandier à Hollywood. Dans cette scène la femme juive interprétée par Carice Van Houten est cachée par une famille catholique dont le père l'oblige à prier avant le repas.
Il y a dans ce sourire de façade et le barbouillage qui suit toute l'insolence de Verhoeven lorsqu'il détourne ce qui devaient être des actionners bourrins pour en faire des brûlots, au nez et à la barbe des studios (Robocop, Starship Troopers)

Mais si Black Book est une oeuvre encore supérieure à ces dernières, c'est justement parce que Verhoeven abandonne ici l'outrance et l'ironie pour une oeuvre historique de facture plus classique, mais grandie par son talent inné de narrateur, et son refus du manichéisme.

Verhoeven s'y montre tout à fait à l'aise en empruntant à tous les genres, du film d'espionnage hitchcockien, à la romance impossible, le tout relevé par son sens inné de l'ambiguité.

C'est dans sa séquence finale, en écho à une des premières, que le film gagne à mon sens son statut de chef d'œuvre, Verhoeven nous donnant ni plus ni moins que sa vision d'un résumé du XXème siècle : une femme courant sous les bombes.

7 commentaires :

  1. Oui ah bon très bien mais... Est-ce qu'on voit Carice "chaud cacao" Van Houten à poil?
    C'est surtout ça la question que le monde se pose.
    J'ai fini mon paquet de Game of Thrones, j'ai besoin de ma petite douceur chocolatée...

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    1. Tu peux compter sur Paul "Show Girls" Verhoeven pour ça

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    2. Tiens et en 10 putain de lignes j'ai réussi à faire une répétition du mot "inné". Que c'est moche bordel. Et je me suis relu hein

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  2. Ah tiens j'ai vu showgirls récemment, et ça m'a fait le même effet que starship troopers: c'est tellement bien imité que ça m'ennuie autant que les vrais films cons.
    C'est dommage, je vois bien les intentions et toute l'ironie (pas si) subtile patin couffin, mais ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. Je préfère Robocop (pas revu depuis longtemps, ceci explique peut-être cela), qui assume son bourrinisme même si c'était visionnaire et pas si con, l'OCP et tout.
    Et total recall.

    Et la chair et le sang, dont j'ai un souvenir flou et dégueu.

    En tout cas, merci pour le rappel, j'avais plus ou moins coché black book dans mon imdb mental, et je vais me le faire.
    (et je crois pas que ce soit si inné que ça, son talent de narateur, ni son sens de l'ambigüité d'ailleurs)

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    1. Je ne trouve pas que Show Girls soit son film le plus réussi, non. Il y met presque trop de choses, érotisme ouf, dénonciation de la vulgarité de l'american dream et féminisme, ça fait un peu beaucoup.

      Par contre Starship Troopers ne se contente pas d'imiter les films cons, il remet continuellement en question ce qu'il montre, et en plus en terme de spectacle il envoie quand même ce qu'il faut, projections gluantes sur des poupées barbie incluses. C'est aussi ( on s'en fout peut-être ) une date dans l'histoire des effets spéciaux et les scènes de bataille sont vraiment très très bien filmées. En gros, la croix dans la purée, il la dessine vraiment.

      Mais bon de toutes façons Black Book est bien au-dessus de chez il faut que tu le voies.

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  3. Effectivement, c'est vachement bien, merci.
    Le mec passe en revue toutes les possibilités de survie sous l'occupation : résistance, collaboration, mais aussi tout un nuancier de choix entre les deux (et ceux qui enchaînent les deux avec un naturel désarmant) : l'humanité. C'est assez impressionant, et ça tient debout grâce à une histoire bien troussée, et à une héroïne / actrice qui ne se départit jamais de sa coquinerie ni de son air mutin, malgré les tombereaux de merde qui lui tombent sur la gueule. C'est très joli je trouve comment sa personnalité est construite par de petits détails impressionistes (la purée donc, un sourire ou deux, un lancement de jambe, mais aussi des actes forts dans l'action), sans nuire à la trame générale, c'est très adroit.

    Grâce à ces atouts, on glisse sur certains éléments troubles de l'histoire : quelques invraisemblances, ou erreurs idiotes des protagonistes, (sauf erreur de ma part - c'est compliqué) mais l'essentiel n'est pas là.
    Verhoeven s'est débarrassé de certaines de ces outrances (violence bouchère, provoc ado) sans perdre son côté rebelle, comme tu le soulignes avec cette histoire de purée, là. C'est sans doute mon préféré du batave narquois, et non il n'y a pas de contrepet j'ai vérifié.

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    1. Je suis bien content que ça t'ait plu! Oui ce personnage de survivante est magnifique.

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